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02

Sep
2012

En commentaire

Par - G. Meijers

L'intérêt public

Le 02, sep 2012 | En commentaire | Par - G. Meijers

Récemment, j'ai lu dans un magazine pour avocats la proposition selon laquelle mon confrère d'Amsterdam, M. A. Moszkowicz, n'aurait pas d'intégrité. Moszkowicz, selon le rédacteur en chef de ce magazine, l'un de ceux de Cleve, se serait emparé des valeurs fondamentales de la profession juridique en intentant un procès au nom de son client Wilders. En outre, selon le rédacteur en chef, M. Moszkowicz ne disposerait pas d'une expertise suffisante dans le domaine du droit constitutionnel pour mener de telles procédures. Ce qui montrerait que Moszkowicz n'était pas un expert n'est pas mentionné.

Je ne sais pas si M. Moszkowicz est suffisamment compétent ou non dans le domaine du droit constitutionnel et si, le cas échéant, il a reçu des conseils suffisants. Je ne suis pas un expert moi-même et donc (tout comme van Kleef) je ne peux pas juger cela. Cependant, je sais quelque chose sur les valeurs fondamentales de la profession juridique. L'une de ces valeurs fondamentales est que l'avocat est avant tout partial. En tant qu'avocat, il devra également s'engager pleinement dans des points de vue qu'il ne partage pas et qui peuvent ne pas être si évidents. Cela n'a rien à voir avec un manque d'intégrité, bien au contraire. Un avocat doit défendre le point de vue de son client. Il ne peut tenir compte que de manière limitée d'autres intérêts, y compris l'intérêt public.

Ce n'est pas le cas des membres du pouvoir judiciaire et du ministère public, qui doivent agir et décider en ayant l'intérêt public à l'esprit.
Malheureusement, je dois conclure avec une certaine régularité que cela n'arrive pas.

Dans ma propre pratique, je vois maintenant, par exemple, l'action du ministère public dans l'affaire dite Okura, une tentative de liquidation d'un criminel serbe connu. La cour d'appel a acquitté les accusés, qui avaient été condamnés par le tribunal à huit ans, de tous les chefs d'accusation. Le procureur a signé la cassation avant même d'avoir pu lire le verdict et a également publié un communiqué de presse à cet effet. Plus tard, un deuxième communiqué de presse a été publié pour expliquer pourquoi la cassation a été maintenue. Entre-temps, j'ai été confronté à la base juridique de cette cassation. Il s'agit d'un texte de quatorze pages, dont treize et demi consistent en une répétition de l'argument du ministère public en appel ("napleiten", une des horreurs mineures du droit pénal).

Le texte d'une demi-page que la plainte doit contenir est une pure absurdité juridique.
Le temps précieux du conseiller et des juges de la Cour suprême est gaspillé par cette démonstration musclée, destinée uniquement à faire savoir au public, par le biais du journal, que le ministère public prend des mesures fermes contre la mafia yougoslave. Cela n'a rien à voir avec l'intérêt public.

Lorsque le ministère public arrive à une décision justifiée, il veut parfois être le juge qui met un frein à l'action. Un exemple poignant de cette situation est le procès dit "du pigeon" contre mon confrère de Breda, Eric Thomas. M. Thomas aurait prononcé le mot "pigeon" lors d'un interrogatoire d'un policier dans le bureau du juge d'instruction. L'homme a fait un rapport d'insulte mais le procureur n'a pas voulu poursuivre. Le policier tourmenté s'est alors tourné vers le tribunal en demandant d'ordonner des poursuites. La Cour d'appel de 's Hertogenbosch a donné raison au policier, si bien que trois juges devront bientôt se pencher sur cette affaire sans issue, ce qui n'était pas souhaité par le ministère public lui-même. Une décision de trois conseillers qui n'est pas dans l'intérêt public et qui peut au moins être qualifiée de "stupide".

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